Tia-Calli Borlase
Les sculptures de Tïa-Calli Borlase sont élaborées avec des matériaux détournés de leur première utilisation, depuis la matière (souvent textile) brute à des pièces manufacturées et proposent des formes incongrues, ambiguës, subversives, issues de déplacements et d’hybridations successives qui prennent leur source dans les œuvres de Fuseli, de Bellmer, de Man Ray ou Louise Bourgeois. La séduction et le désir y ont une part importante.
Ces sculptures sont souvent mises en scène, ou bien portées lors de séances photographiques ou de performances. Elles prennent corps lors de performances dans des contextes particuliers et font l’objet d’une présentation spécifique, in situ. Leurs déplacements sur des corps engendrent des apparitions éphémères.
Comme dans une miniature, ces sculptures, qui affirment un rapport à l’ornement et à la parure, font apparaître l’importance du détail et incitent une mobilité entre le proche et le lointain. Le recours aux rubans que l’on noue, aux fermetures Éclair, aux coques utilisées en lingerie, aux baleines, aux fragments de tissu équivoques, exprime respectivement la contrainte imposée à un corps que l’on voudrait dominer, des stratégies de séduction et des pulsions fétichistes.
Esthétiquement, les sculptures de Tïa-Calli Borlase participent à la gémellité du corps humain et du corps animal (avec une prédilection pour le corps chevalin). La fusion de ces deux corps propose un hybride au fort potentiel imaginaire et élabore un univers de greffes à la croisée de l’obsession et de la fantasmagorie, ces couples humains-animal se révélant être une véritable matrice à fantasmes. Les thématiques proposées renvoient à une sorte de rêverie dont l’amour, le corps étrange ou étranger, la passion pour l’imaginaire.
Quant à la symbolique qu’elles délivrent, celle-ci est en lien direct avec la sexualité et son esthétisation. Les couples de corps mêlés rappellent la complexité des rapports humains, l’intériorité, la marge, l’altérité, les liens, le dévoilement de stratégies intimes, corrélées à ce « désir » tout court. Le désir, le pouvoir et la chasse mettent en jeu les ruses, la stratégie, l’agilité notamment avec la série Falconery, exposée à la ZAN. L'artiste devient fauconnier. Les Capuchons évoquent des chasses sensuelles ou monstrueuses et représentent l’énergie et la liberté, engendrées par la pulsion animale et ses rituels éclatants, ses chatoiements et ses parades.